Sally sur le fil

L’été japonais est difficilement supportable. À l’humidité permanente, s’ajoute une chaleur étouffante, à laquelle il est difficile d’échapper, à moins d’entrer dans un bâtiment. Ici, la climatisation est un mode de vie, et Sally bénit l’air frais qui vient sécher la moiteur de sa peau quand elle va faire ses courses. Bientôt pourtant, ils entameront la saison des tremblements de terre et des cyclones. Sally est soulagée de presque y échapper, cette année.

Même si c’est pour aller passer un mois en France, avec sa famille. Elle commence à se demander si elle a bien fait d’accepter de rester un mois entier. Et puis, se dit-elle, après tout… quand ça tournera au vinaigre, elle et Lola pourront toujours aller chez la mère de cette dernière, ou bien au bord de la mer ! Sally se voit déjà se prélasser sur les grandes plages landaises, allant nager à la faveur des marées. Lola a déjà de la chance de partir deux semaines… Elle a réussi l’exploit de négocier des vacances avec son patron, chose miraculeuse dans ce pays où « les vacances » est un concept abstrait.

Quant à Lola, mis à part les détails techniques de l’organisation, elle n’a plus osé aborder le sujet de la famille avec Sally. Elle sait que quelque chose cloche, mais elle ne sait pas quoi. Elle a pris son parti de tenter de rester neutre…

Elle a simplement insisté, il y a une semaine, pour que Sally envoie sa date d’arrivée à sa sœur, ce qu’elle a fait, d’assez mauvaise grâce. Lola sent la tension nerveuse dans laquelle se trouve Sally, mais elle ne sait plus quoi faire. Elle soupire, en se disant que c’est peine perdue de tenter de maîtriser Sally…

Mais celle-ci, au fond, est impatiente. Elle rumine au fil des jours, elle ressasse ses projets, répétant dans sa tête les phrases qu’elle a envie de dire. Elle tourne un peu en rond, bien sûr, mais elle est tendue comme un arc, prête à décocher.

Quand elles arrivent à l’aéroport du Kansai, son impatience est à son comble. Les douze heures d’avion ne suffisent pas non plus à la calmer, ni à l’endormir. Elle passe la dernière demi-heure à guetter le petit écran qui indique la position précise de l’avion et son altitude. Bientôt Paris.

Lola sort doucement de ses rêves et suit Sally qui a déjà pris leurs bagages, sa main, et qui s’avance vers la sortie.

Enfin ! Se dit Sally. Elle descend l’escalier de métal agilement, elle sent à peine les douze heures d’avion qu’elle a pourtant dans les pattes. Elle ne sent pas la fatigue, elle a hâte. Elle pose le pied sur le tarmac, respire la brise fraîche de sa revanche. Elle se retourne pour sourire à Lola, enfin !

Elle ne voit pas le fond d’inquiétude, dans le regard de sa petite amie. Elle ne voit pas, non, que Lola n’aime pas ce qu’elle sent dans l’impatience et l’exaltation de Sally.

En s’asseyant dans la navette qui les amène au terminal, l’esprit de Sally virevolte. Fais gaffe, Sally, lui murmure la petite voix au milieu de l’agitation. Mais Sally l’ignore, une fois encore.

Le retour de l’enfant prodigue

Quatre jours qu’elles sont arrivées déjà, et Marie-Ange est aux petits soins pour sa petite fille et son amie. Pourtant, elle a quelques difficultés à renouer avec Sally. Sa petite fille est changée, distante, préoccupée. Marie-Ange aimerait qu’elle lui parle, parce qu’elle se doute bien que Lola n’est pas juste son amie. Ça n’est pas grave, bien sûr, mais comment briser cette barrière ?

Heureusement que Peter est là, il sait si bien dégriser une ambiance ; il raconte des histoires des landes d’Écosse, des fantômes et de jeunes filles, de lacs si profonds qu’un royaume entier s’y tapit… Et il a été comblé quand Lola lui a demandé de raconter les histoires en Scots, cet anglais teinté de gaélique et d’une déformation vocale dont les Écossais seuls ont le secret.

Dans ces moments-là, soirées privilégiées, Marie-Ange a retrouvé l’étincelle de joie qui caractérisait si fort sa dernière petite fille. Le soir dans le lit, pourtant, elle s’inquiète.

— Elle n’est pas heureuse, voilà tout, lâche Peter.

— Pourtant, soupire Marie-Ange. Elle a bien tout ce qu’il lui faut…

— Bah, marmonne le grand-père en s’asseyant sur le matelas, glissant précautionneusement ses jambes sous les couvertures. Il lui manque un chéri, à cette petite, voilà tout.

Marie-Ange toussote.

— Peter…, Sally est avec Lola.

Peter se retourne vers sa femme, il met un moment à réagir.

— Elle te l’a dit ?

— Oui, elle n’osait pas t’en parler, je crois.

Eh bien, Peter, te voilà au courant ! Décidément, ce n’est pas un retour classique.

— N’empêche, elle n’est pas heureuse.

Marie-Ange acquiesce en silence. Les lumières éteintes, elle garde les yeux ouverts, se demandant ce qui se trame dans la petite tête de Sally.

La vengeance est un plat qui se mange dans la tête

Le samedi soir est arrivé. Chacun, chacune, redoute autant qu’ils attendent avec impatience ce moment. Ce moment étrange où, pour la première fois depuis un an et demi, la famille sera réunie au complet.

Étrange, ça l’est pour sûr. Sally n’engage pas à de grandes effusions, le regard rivé sur ses pompes, et Lola s’excuse presque d’exister, se sentant flotter au-dessus de la pièce où elle ne trouve pas sa place. Heureusement que Marie-Ange et Peter sont adorables.

Ils ne savent pas comment la saluer, et Charlotte a un peu l’impression d’avoir perdu le naturel qu’elles étaient parvenues à retrouver au Japon. Sally évite les regards, répond laconiquement, manifestement gênée. Marc comprend que les retrouvailles ne sont pas au goût de sa fille, et il invite nonchalamment tout le monde à prendre place autour de la table.

— Allez, allez ; ça mérite bien une petite bouteille de champagne, non ? Dit-il en sortant la bouteille de la glacière qu’ils ont ramenée.

Ils trinquent « Au retour de Sally », a lancé Marie-Ange, pas certaine d’être très suivie, vue la tension sur le visage de sa fille. Anne n’est pas tranquille, oh, non ! Elle a croisé le regard de Sally, et a détesté ce qu’elle y a vu. Elle prend une gorgée, le champagne est fin, et cela lui fait un peu de bien. Quoiqu’il se passe, elle est prête à affronter ce que Sally choisira de dire. Anne n’a pas honte de qui elle est, ni de ses choix de vie.

Peu à peu, les langues se délient, l’atmosphère se réchauffe à l’aide du champagne, et du repas délicieux que Marie-Ange a préparé. Maxime et Lola discutent du Japon, Charlotte, Marie-Ange et Maddy, du bébé qui arrive ; Marc et Peter de leur prochaine virée à vélo. Seule Sally reste silencieuse, et Anne, un peu en retrait. Elle guette sa fille.

Alors, Sally, tu la lâches quand, ta petite bombe artisanale ? Pense-t-elle en la regardant. Mais la jeune fille évite le regard de sa mère.

Sally est comme un chat tapi dans l’ombre, guettant le moment opportun pour frapper l’oiseau imprudent qui viendrait se poser trop près. Et ce moment arrive avec le dessert. Sa grand-mère a préparé – avec amour – le dessert favori de tout le monde, une célébrité à lui seul dans la famille : un gâteau à la noisette avec un cœur fondant au chocolat.

— Tout le monde prendra une part, j’imagine ? Dit-elle malicieusement, parce qu’elle sait que la réponse sera forcément et unanimement positive.

— Une part… Pour l’instant ! Dit Maxime en se pourléchant les babines.

Ce qui fait rire tout le monde, car Max n’est pas gourmand, sauf pour le gâteau de Marie-Ange, qu’il appelle même « le Fondant des Anges ». Mais la joie qui résonne – enfin – entre les murs de la salle à manger est de courte durée.

Au milieu des rires et des exclamations, la voix de Sally s’élève, perçante, mais forte et assurée.

— T’es sûre que t’en veux pas deux, Maman ? Deux en même temps ?

Soudain, le silence tombe comme une pierre. Quelques couverts s’entrechoquent, et tous tournent la tête vers Sally, qui regarde Anne fixement, un petit sourire en coin.

Ah, nous y voilà, pense Anne.

— Je te demande pardon ? Répond-elle en essayant d’ignorer le nœud d’angoisse qui étreint son ventre.

Marc repose son assiette et prend la main de sa femme, sous la table. Il sent ses doigts froids se resserrer sur les siens, mais n’a pas le temps de parler, parce que déjà, Sally enchaîne.

— T’as parfaitement compris, Maman.

Lola tente, en vain, de récupérer l’attention de Sally, mais d’un geste, celle-ci lui intime de ne pas intervenir. Lola bat en retraite. Elle a reconnu ce regard, ce ton de la voix. Elle sait que la colère de sa petite amie ne connaîtra de repos que lorsqu’elle se sera entièrement déversée. Et peu importe les dégâts qu’elle va occasionner.

— Alors, tu vas nous parler de Jan Möller, Maman ? Quoi… Ne me dis pas que tu as honte d’avoir eu un amant pendant sept ans !

— Sally, ça suffit, dit Anne en se levant. Viens, on va parler toutes les deux, dans la cuisine.

— Ça n’a pas l’air de t’avoir empêché de dormir, embraye Sally en ignorant l’intervention de sa mère. Ni d’élever tes trois filles dans le mensonge !

Anne devient livide, et elle entend dans un espèce de brouhaha confus, Maddy qui demande si c’est vrai, Charlotte qui demande à sa sœur pourquoi elle a dit ça, et sent d’une manière diffuse, la présence de Marc, à ses côtés, qui s’est levé.

— Sally, ça ne te regarde pas, et ça ne t’a jamais regardé. J’étais au courant, et j’étais d’accord, ta mère ne m’a jamais trompé ! Tu le sais, je ne t’ai jamais dit autre chose.

De nouveau, le silence se fait quand tous comprennent que Sally ne mentait pas.

— On n’en a jamais parlé, reprend Marc, la gorge serrée. Parce que ça ne regardait personne d’autre qu’Anne et moi, que notre couple. Ça ne regardait personne…, répète-t-il, hébété.

— Ben tiens, ça regardait personne ! S’écrie Sally. Comme c’est facile ! C’est quoi, notre modèle parentale, un père qui s’écrase et une mère qui écarte les cuisses au premier venu ?

— Sally ! Dit Anne, la voix tremblante. Je ne te permets pas ! Jan et moi avions une relation épistolaire, platonique !

Elle relève les yeux, cherchant du regard un appui, un soutien. Mais tout le monde est choqué. Anne ne sait pas si c’est par le contenu de ce qu’a dit Sally, ou la manière dont elle l’a dit.

— Quoi, maintenant tu fais ta sainte-nitouche ? Tu veux me faire croire que t’as jamais couché avec lui ?

— Mais enfin, arrête, Sally !

Marie-Ange a presque crié, soufflant sa petite fille sur place.

— Qu’est-ce qui te prend ?

Sally se lève de sa chaise, rejetant la main que lui a tendue Lola. Elle sent sa rage monter, la lave lui brûle les veines, et si elle pouvait cracher du feu, tel un dragon, elle le ferait.

— Il me prend, commence-t-elle, la voix vibrante. Que j’en ai marre de vivre dans une famille d’hypocrites ! Qu’il y a un an et demi, ça a été la goutte d’eau ! Que vous comprenez rien, que vous avez jamais rien compris ! J’ai dû me débattre toute seule, avec William. Y en a pas eu un pour rattraper l’autre ! Y a que Lola qui a su être là.

Lola baisse le regard, elle n’a pas envie d’être mêlée à cela, mais elle subit les paroles de Sally.

— Alors devinez quoi ? Vous avez accueilli un connard qui abusait de votre fille, bravo les parents, elle dit en claquant des mains. Et au fait, puisque vous êtes tellement abrutis d’aveuglement que vous voyez rien, je suis en couple avec Lola, on s’aime, et croyez-moi que dès que toute cette mascarade sera terminée, on va rentrer au Japon, chez nous ! Et vous êtes pas prêts de me revoir.

— Sally, ne mélange pas tout, dis pas ça…, commence Lola.

Mais c’est trop tard, Sally a décollé, elle est loin devant.

— Je sais très bien ce que je fais ! Regardez-vous avec vos tronches ! J’espère que votre conscience vous fera bien chier pour dormir ce soir, et tous les autres soirs après ça ! J’ai trop souffert à cause de vous !

Dans la salle à manger, le silence est rompu par Charlotte, la voix brisée par les larmes qui menacent à ses yeux.

— C’est pour ça que t’es revenue, Sally… ?

Retour à l’envoyeur

— Bah oui, c’est pour ça que je suis revenue, balance-t-elle violemment. Tu croyais que c’était pour quoi ? Tes beaux yeux, tes bons sentiments dégoulinants, là ?

Sally n’a pas le temps de finir sa phrase, qu’elle sent qu’elle est allée trop loin. Charlotte s’écroule dans les bras de son grand-père, qui est assis à côté d’elle encore. Elle croise le regard de Peter, choqué, en colère et déçu.

Madeline se lève, livide de colère, pour la deuxième fois en quelques mois. La main sur son imposant ventre, elle a le regard rivé sur sa petite sœur.

— Maintenant tu vas te taire, Sally. Je crois qu’on en a assez entendu. Tu aurais mieux fait de ne pas revenir. Je suis désolée que ta pauvre petite vie ne se soit pas passée comme tu le prévoyais. Pauvre petite fille adorée par ses parents, enchaîne-t-elle. Qui se barre à la première difficulté. Ça, c’est sûr : heureusement que Lola a été avec toi. Tu nous a rien dit, que dalle ! Tu voulais quoi, qu’on devine ce qu’il se passait ?

Charlotte sent arriver le truc, et elle articule entre ses larmes.

— Maddy, c’est pas la peine…

— Oh que si, c’est la peine ! Fait Madeline, la voix tremblante. T’as fait quoi, pendant un an et demi, Sally ? Dis-nous, t’as fait quoi ?

Sally se tient face à Maddy, clouée sur place, incapable de répondre.

— T’es partie, Charlotte était enceinte, bordel ! Tu te demandes pas pourquoi elle est seule à table, aujourd’hui ? Pourquoi elle a pu venir te voir pendant deux semaines au Japon, alors qu’elle était censée avoir un bébé de tout juste un an ?

Sally pâlit et recule d’un pas. Elle jette un œil à Marie-Ange, qui lui rend un regard effaré, rempli de larmes, les lèvres tremblotantes. Maddy voit tout ça, et sa grand-mère baisse les yeux, en secouant la tête. Anne n’ose comprendre mais se dirige vers sa mère, et la prend dans ses bras. Elle lui embrasse la tempe, et darde un regard furieux sur Sally.

— Tu savais…

Ce n’est pas une question. Sally le sait, et a rétréci de plusieurs centimètres. Lola a lâché sa main, qu’elle était parvenue à reprendre, et déglutit difficilement, n’osant plus regarder personne. Non, elle n’ose pas comprendre, elle ne sait pas ce qu’il s’est passé, Sally ne lui a jamais rien dit. 

Charlotte, toujours dans les bras de son grand-père, répète les mots de sa mère d’un souffle de voix.

— Tu savais, Sally… ? Réponds-moi, dit-elle en braquant son regard dans celui de sa petite sœur, dont les yeux commencent à vaciller, à se remplir de larmes, aussi.

Elle répond en reniflant.

— Mamie m’avait envoyé un message… On en a un peu parlé…, elle étouffe un sanglot. Mais pourquoi t’aurais eu besoin de moi ? T’avais maman, Maddy, tout le monde… J’avais plus ma place, moi !

— Mais Sally, t’es ma petite sœur, d’où tu as pensé un seul instant que je pouvais me passer de toi ? Réfléchis Sally, tu crois que je suis allée au Japon parce que je me fous de toi ? Tu crois que c’était un geste totalement désintéressé, juste pour Maddy et son bébé ?

Sally ne répond rien. Charlotte se lève.

— J’ai besoin de prendre l’air. Seule.

Elle quitte la pièce et va dans le jardin. Le silence est embarrassant. Mais Lola se lève, finalement, les yeux rivés au sol, elle a trop peur de demander, mais elle doit savoir.

— Sally, qu’est-ce que tu savais ?

— Lola… ça n’a rien à voir avec toi…, fait Sally, suppliante.

Elle relève le regard sur Sally, qui a les joues inondées de larmes.

— Dis-moi. Qu’est-ce que tu savais ? Articule Lola, un peu plus sèchement, la voix tremblante.

Alors, Sally lui raconte tout. Elle lui dit pour Charlotte, le bébé, le divorce. Elle répète mécaniquement les mots que sa grand-mère lui avait envoyés, à l’époque. Lola détourne le regard, écœurée, retenant avec peine un sanglot. Elle n’arrive pas à y croire.

— Je vais aller chez ma mère. N’essaye pas de m’appeler pour le moment, s’il te plaît. J’ai besoin de temps. On se retrouve à la maison, dans trois semaines.

Elle contourne la table, et balaye du regard la famille rassemblée. Dans leurs regards choqués, elle ne perçoit pas de haine, mais ce qu’elle y voit lui déchire le cœur. Non, elle n’arrive pas à y croire.

— Je suis désolée, sincèrement désolée. Peter, Marie-Ange, merci pour votre accueil.

Quelques minutes plus tard, la porte claque dans un silence de mort, Lola est partie.

Sally se retrouve seule, face à sa famille. Mais au lieu d’être brisés, elle les voit soudés, et elle les devine plus forts que jamais. Dévastés par le chagrin et le choc, mais soudés. Anne est entourée par Marc et Marie-Ange, Peter se tient le poing serré, toujours assis à sa place, où il a reçu, le cœur brisé, le chagrin de sa petite fille. Maddy et Maxime se tiennent toujours face à elle, et elle sent le regard de sa sœur la brûler.

Elle se retourne pour voir, par la grande porte fenêtre, Charlotte fumer, sur la terrasse du jardin. Une mèche auburn est collée sur sa joue par les larmes.

Anne se dégage délicatement de l’étreinte de Marc en lui murmurant quelque chose à l’oreille, jette un œil à Maddy, qui comprend, puis traverse la pièce. Avant de sortir rejoindre Charlotte, elle marque une pause et se retourne.

— Sally, que tu m’en veuilles est une chose. Mais ta sœur n’avait pas à payer.

La jeune fille en colère n’est plus en colère. Elle est anéantie. Elle ne pensait pas que sa propre bombe l’atteindrait aussi. Elle n’a pas bien réfléchi, Sally. À écouter la voix du bruit et de la fureur, elle a délaissé l’autre, celle qui l’invitait à regarder différemment.

À qui la faute, disait-elle… Sally ne peut plus se réfugier dans la colère. Défaite, elle monte dans la chambre qu’elles occupaient, avec Lola. Ses affaires n’y sont plus, il n’y a pas même un petit mot. T’avais dit que tu serais toujours là. Sally s’assied sur le lit, ce n’est plus vrai. Elle est seule maintenant, face à elle-même. Elle ne peut pas lui en vouloir.

À qui la faute.